L’organisation de la réponse opérationnelle
–Analyser l’existant pour construire l’avenir : les limites du dispositif actuel –
Des carences de disponibilité en période diurne
La capacité de réponse d’un centre dépend de la disponibilité de ses moyens humains et matériels. Un centre qui n’est pas en mesure de répondre à une sollicitation est immédiatement remplacé par celui qui le suit dans le plan de déploiement des moyens, ce qui augmente le délai de couverture. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette incapacité : absence du véhicule sollicité dans le centre (engin déjà engagé sur une autre intervention, panne mécanique…), carence de personnel sur le plan quantitatif (effectif insuffisant) et/ou sur le plan qualitatif (absence d’une ou plusieurs compétences). Sur la période 2013-2019, 12 centres présentaient un taux de réponse sur leur secteur de premier appel inférieur à 50% en journée. Ces indicateurs montrent la difficulté de plusieurs centres à répondre aux sollicitations principalement la journée. Elles s’expliquent essentiellement par la baisse de la disponibilité des sapeurs-pompiers volontaires durant l’exercice de leurs activités professionnelle, familiale, scolaire…
Des seuils de rupture régulièrement atteints dans certaines unités
Le niveau d’activité observé depuis 2018 est tel que des centres peuvent se retrouver ponctuellement et simultanément dans l’incapacité de répondre à une sollicitation d’urgence. Ces situations correspondent à l’atteinte des seuils de rupture opérationnelle et peuvent survenir en cas de simultanéité des interventions mobilisant l’ensemble des moyens humains et matériels de l’unité. Elles nécessitent de faire appel à une unité opérationnelle plus éloignée, ce qui augmente le délai d’intervention. À titre d’exemple, l’étude de la simultanéité des interventions sur le secteur de premier appel d’ Évreux en 2021 montre que le dimensionnement actuel de l’effectif de permanence du centre permet de couvrir 92,5% des sollicitations la journée et 91% des sollicitations la nuit. Cela représente 680 sorties d’engins non couvertes.
Des vulnérabilités qui menacent la réponse opérationnelle
Le Sdis est exposé à des vulnérabilités qui peuvent impacter la continuité de la réponse opérationnelle telles que:
- La rupture d’alimentation électrique
- La rupture des moyens de communication (téléphonie, radio…)
- Le piratage des systèmes d’information et de communication
- La rupture d’approvisionnement en carburant
- Une épidémie ou pandémie affectant durablement les ressources humaines du Sdis
Des centres à forte activité dont la permanence opérationnelle repose uniquement sur l’astreinte
L’astreinte est la période durant laquelle le sapeur-pompier volontaire, sans être à disposition permanente et immédiate, demeure à proximité du centre afin d’être en mesure d’intervenir (domicile, lieu de travail…). Ce mode d’organisation se différencie de la garde postée. La permanence opérationnelle de plusieurs unités à forte activité repose aujourd’hui uniquement sur l’astreinte, ce qui entraine :
- des interruptions fréquentes de la vie personnelle et professionnelle des sapeurs-pompiers volontaires disponibles ;
- une exposition accrue aux risques routiers liés aux nombreux allers-retours entre le domicile/lieu de travail et le centre.
Un plan de déploiement des moyens optimisable
Le plan de déploiement des moyens correspond à l’ordre de déclenchement des centres sur une commune ou un quartier donné. Cette planification vise à faciliter le travail d’engagement du CTA-CODIS et à garantir un secours de proximité. Pour environ 7% des communes, la modification du plan actuel permettrait un gain supérieur à 2 minutes. De plus, le plan actuel est le même quelles que soient la mission et la période de la journée. Or, la mise en place d’une garde postée diurne est de nature à diminuer le délai de départ des sapeurs-pompiers et donc le délai de couverture.
Des délais moyens de couverture en augmentation depuis le précédent Sdacr
Les délais d’intervention réels moyens, observés entre 2014 et 2021, pour la couverture sont inférieurs ou égal à 20 minutes dans 91 % des cas, toutes missions confondues ; 81 % des cas pour la mission incendie et 93 % des cas pour la mission secours à personne. Depuis 2014, à l’exception des opérations diverses, ces délais ont augmenté :
- Toutes missions confondues : + 28 secondes
- Incendie : + 1 minute et 21 secondes
- Secours à personnes : + 29 secondes
- Secours routier : + 39 secondes